Khalian, brindille à l'ombre de l'Arbre

**Pantalemon** Sam 22 Oct 2011 - 15:08

"La vie. Cette entité si mystérieuse dont nous faisons partie et que nous connaissons si peu. Quel étrange paradoxe, et quel vertige d'imaginer que notre existence ne tient qu'à l'énorme hasard qui a fait réunir les composants essentiels à la vie en un même lieu !
Quel vertige de penser à l'énorme hasard qui a voulut que cette vie subsiste pendant prêt de 3,8 milliards d'années échappant à tous les pièges qui lui étaient tendus, échappant aux mutations aléatoires de son génome qui auraient pu lui être létales, quel vertige de penser à l'énorme hasard qui a voulut que des mutations rarissimes se produisent là où il fallait sur des génomes immenses permettant de diversifier cette vie, de l'enrichir et de lui permettre de coloniser une planète aussi vaste et variée que l'est la notre !
Nous sommes le fruit de sommes de probabilités infimes que même les meilleurs mathématiciens de notre temps s'accorderaient pour les qualifier de nulles. Je me nomme Khalian et je suis l'une de ces probabilités."

Khalian referma le livre qu'il venait de lire, et sur la couverture il pouvait lire avec fierté les quelques symboles graphiques qui composaient son nom. C'était le premier livre qu'il avait écrit il y a déjà de cela un grand nombre d'année, et il ne se lassait pas de le relire encore et encore, l'ayant mémorisé au point de pouvoir le lire rien que dans ses pensées. Certain pourrait croire à une forme de narcissisme avancée dût à l'immense satisfaction qu'il pourrait ressentir d'avoir été l'un des pionniers de la Biologie moderne, mais il n'en était rien. Lire cet ouvrage lui permettait de se replonger dans ces années si belles de sa vie, durant lesquels il avait sillonné le Monde des Douze et vu tant et tant de choses.
Cette époque était révolue et le système avait eut raison de lui, blasé il avait rendu sa blouse et l'avait troquée contre une simple besace et un bâton d’ermite. Il parcourrait désormais le monde distillant son savoir à qui voulait bien l'entendre, apportant de l'aide à qui voulait bien la recevoir. Là encore il avait pu s'apercevoir de l'horrible nature de l'Homme, qui préférait mordre la main qui le caresse et adorer la main qui le frappe. Paradoxe humain, ou masochisme peu importait. Ses pérégrinations ne lui avaient pas fait rencontrer que des gens ingrats, bien loin de là ! Il avait rencontré des hommes et des femmes qui aimaient la vie presque autant que leur prochain et certains lui avaient même donnés des leçons d'humilités à lui qui pensait déjà tout connaitre. Khalian s'était rendu compte de la relativité de la connaissance et c'est cela qui lui avait redonné goût à la vie.

Repenser à tous ces épisodes de sa vie lui arracha une petite larme, qu'il s'empressa d'essuyer. Cette larme, qu'il tenait sur son index lui fit ressurgir un autre souvenir très douloureux... celui de son frère.
Pehdolyth était l'ainé de la fratrie. C'était le grand frère, celui qui réussissait tout ce qu'il entreprenait, c'était le modèle à suivre, l'homme de pouvoir, l'homme de connaissance et un puits de savoir. Lui été sous les feux des projecteurs, ne se souciant pas que son ombre s'étire jusqu'à recouvrir son petit frère, Khalian le chétif qui le jalousait presqu'autant qu'il l'admirait. Pehdolyth avait fait de brillante études qui l'avait mené à un doctorat d'Histoire Générale, il avait marché dans les pas d'Acidrik Fenlapense et d'Hel Munster ces grands savants définitivement inscrit à la postérité. Khalian l'avait prit pour modèle, mais l'Histoire ne lui apportait pas satisfaction aussi bien dans les connaissances enseignées que et surtout dans les notes qu'il obtenait. Il était médiocre. Par dépit, et surtout pour que ses résultats lamentables n'entache pas la réputation grandissante de son frère, il se tourna vers les sciences du vivant. Il n'imaginait pas à quel point cela puisse être complexe, car la Biologie était au carrefour de toutes les sciences: pour la comprendre, il fallait avoir un pieds dans le passé et donc avoir des connaissances en histoire, un pieds dans le futur et maitriser les approches probabilistes, tout en s'accrochant d'une main aux mécanismes physiques et de l'autre aux subtilités des réactions chimiques. Il retrouva sa motivation: s'il parvenait à briller et à excellé dans ce domaine, il surpasserait son frère.
Et c'est ce qu'il fit. Il obtint son doctorat de Science du Vivant et se hissa parmi les meilleurs de sa promotion, l'avenir lui souriait enfin.

Mais le monde de la Biologie n'était pas aussi plébiscité que celui de l'Histoire, après tout qui pouvait comprendre ou même s’intéresse aux mécanismes cellulaires ultra complexe ? Hormis les spécialistes, le grand publique ne pouvait s'y intéressé, alors que décrire avec précision la Bataille de l'Aurore pourpre et faire rêver des générations d'enfants avec des combats héroïques pouvait atteindre tous les publiques.

Khalian finit par renoncer au succès, se suffisant de faire avancer les connaissances. Il travaillait pour lui et non plus pour le regard des autres et ce la lui convenait parfaitement. Tandis que son frère vivait dans un luxe relatif, lui restait dans l'ombre mais au moins il gardait sa fierté et n'avait pas à faire la lèche aux grands de ce monde faussement instruit qui pense tout connaitre simplement parce qu’ils ont lut le dernier livre à la mode sans avoir jamais mit les pieds sur le terrain.

Mais toute cette rivalité s'était évaporée ces derniers mois, maintenant que Pehdolyth était décédé. Ils n'avaient jamais été très proches mais il restait son frère et Khalian avait profondément été attristé par la nouvelle. Il avait été bouleversé au point de mettre fin à sa vie d’ermite et de retourner à la vie que la majorité qualifie de "normale". Il s'était alors acheté cette petite maison au sud d'Astrub et y était très bien.

Sa vie commençait à changer, il se levait le matin, allait chercher le journal puis allait faire son marché, l'après-midi après une petite sieste il se promenait dans la contrée d'Astrub. Un train de vie que toutes ses années de recherches lui finançaient. Lorsque le mois de Septange arriva, l'ennui commençait à poindre et sa passion pour la recherche se fit de nouveau sentir.
C'est à cette période qu'il reçut également une lettre.

Pehdolyth a écrit:Bonjour mon cher frère.
Si tu reçoit cette lettre c'est que j'ai quitté ce monde physique. Je regrette que nous n'ayons pas put être plus proche toi et moi mais en tant que chercheur notre vie ne nous appartient pas. J'ai passé ces derniers mois à lire tes ouvrages et je suis profondément surpris. Finalement, de nous deux c'est toi qui a le plus réussi, car moi je n'ai fais que raconter des histoires, et ces histoires étaient basés non pas sur des faits scientifiquement prouvables, non elles étaient basés sur des suppositions, sur les écrits des protagonistes de l'histoire tous corrompu et imbu d'eux-mêmes au point de modifier leur récit pour passer pour des héros. J'ai passé ma vie à raconter des évènements dont je ne pourrais jamais être sur qu'ils soient vrais. Toi non seulement tu t'appuis sur des expériences, mais en plus tout ce que tu découvres apportes des perspectives incroyables à l'Humanité. Je t'envie mon frère.

J'espère que tu ne me hais point, et j'aimerais te demander un service. Ma mort laisse mon plus beau projet orphelin. L'Ordre de Talakia -dont je t'ai déja parlé dans une de mes lettres- n'a plus personne pour le diriger. Je voudrais que tu te rende à la Villa de Sufokia et que ce sois toi qui reprennent les commandes. Je sais que toi seul pourra apporter la fraicheur que je n'ai pas sut apporter et que tu feras de cet Ordre quelque chose de magnifique. Je ne veux t'obliger en rien, mais j'espère que tu accepteras.

Je t'aime mon frère, j'aime ce que tu as toujours été, ce que tu es et ce que tu seras. Tu es le meilleur de nous deux, alors profite de ta vie.

PS: Je te lègue tous mes biens. En espérant qu'ils feront ton bonheur.

Ainsi Khalian devint le nouveau chef de l'Ordre de Talakia, et n'eut aucun mal à s'imposer, Pehdolyth ayant prit la précaution de les en avertir.
Mais cela ne lui suffisait pas, il avait besoin de s'occuper l'esprit et de s'impliquer dans un projet important. Ce projet il le trouva dans le Clan de Mercenaire de La Main. Il les connaissait déjà de réputation ainsi que par les quelques fois où il avait parlé avec son frère, qui en disait le plus grand bien.
Khalian prit donc son courage à deux mains et se décida à écrire une lettre de candidature.

Khalian a écrit:
Membres de la Main, bonjour.
Je me présente, Khalian disciple de Sadida et nouveau meneur de l'Ordre de Talakia. Je me permet de vous écrire dans l'espoir et la volonté de rejoindre vos rangs. Ce que je vois en vous c'est un nouveau moyen de m'épanouir et de progresser, tout en apportant mon expérience et mon savoir. Biologiste diplômé de l'université d'Amakna et ayant réalisé mon service militaire au Château d'Amakna, je souhaite mettre mes talents et mes connaissances à votre disposition.
Le métier de mercenaire m’intéresse fortement aussi bien au niveau des responsabilités qu'il incombe que de la dimension humaine qu'il implique.

Mes objectifs si je suis jugé apte à vous rejoindre seront double. Je souhaite tout d'abord m'impliquer à fond afin de gravir les échelons car ce que je recherche ce sont les responsabilités, autant que cela soit dit je ne veux pas rester un larbin tout ma vie ! Je voudrais également participer à la vie active du Clan en participant aux diverses animations que celui-ci organisera.

Je vous prie d'agréer Mesdames, Messieurs, l'expression de mes sincères salutations.

Khalian

Il relut plusieurs fois sa lettre, changea quelques tournures de phrases puis une fois satisfait, il la déposa dans la boite aux lettres. Il ne restait plus qu'à attendre.

**Moulinette** Dim 23 Oct 2011 - 12:42

En ce froid matin d'Octolliard, une jeune crâtte grelottante courrait dans les rues d'Astrub. Elle s'engouffra dans l'imposante maison de Fallanster, où l'atmosphère était douce et chaleureuse. Le courant d'air dû à l'ouverture de la porte avait fait s'envoler les nombreux papiers amoncelés sur la table. Tout en les ramassant, Tsubakii décida que son premier ordre en tant que Capitaine serait d'embaucher une femme de ménage à plein temps.
En rangent les lettres éparpillées dans toute la pièce, elle tomba sur une nouvelle candidature qui n'avait pas encore de réponse. Elle s'assit donc à une table, lut la lettre et y répondit.

Bonjour Khalian. Je crois que mon larbin t'as vu hier, il m'a parlé d'un visiteur de l'Ordre de Talakia. Je pense qu'on va procéder de façon suivante, ce sera plus rapide : pourquoi t'accepter ?
Ta candidature est excellente, ainsi que sa qualité; l'Ordre de Talakia est une guilde réputée pour ses membres et son herpay et si Pehdolyth te la lègue, c'est que tu ne dois pas être n'importe qui. C'est donc un avis positif que je vais te donner.

Elle tampona sa réponse et la rangea à sa place.

Khalian, brindille à l'ombre de l'Arbre Favt